Notre combat, notre victoire, notre ange, notre douleur
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Notre combat, notre victoire, notre ange, notre douleur
ANGE E.-M.
En 2011, on m'a diagnostiqué une endométriose, maladie qui rend stérile, entre autres choses. A cette époque, nous ne parlions pas trop de bébé, nous n'étions pas vraiment prêts, mais n'étant plus sous contraception depuis 2009, nous n'étions pas non plus contre l'idée d'agrandir la famille. Le diagnostic nous a fait un déclic. C'était le moment pour nous de concrétiser notre amour.
Depuis janvier 2012, nous essayons de devenir parent. Presque 3 ans d'essai.
L'année dernière, nous avons été orienté vers un service d'Assistance Médicale à la Procréation.
Le 29 octobre 2014, j'ai eu une insémination sur cycle spontanée, donc sans stimulation hormonale. Cette méthode a été choisie car Denis devait faire un 3e spermogramme vu les très différents des premiers, et le gynéco en a profité pour faire l'insémination.
Résultat positif.
Nous étions aux anges. Nous avons commencé les projets d'avenir pour notre bébé. Fille ou garçon, on ne voulait pas savoir. Tout serai neutre.
Bien que j'étais heureuse, je n'y croyais pas, quelque chose m’empêcher de réaliser entièrement. A ce moment là, j'ai pensé à la peur.
Le 11 décembre, écho de déclaration.
Nous avons vu ce petit haricot et entendu le cœur. Moment juste parfait, rapide, mais parfait.
Le 8 janvier, écho du 3e mois.
C'est une écho magnifique celle du 3e mois. On voit bébé déjà bien formé d'extérieur. On le voit bouger, on entend son coeur, ... C'était magique. Denis n'était pas là.
1 heure d'écho, par contre, c'est long. Bébé était très agité et refusé de se tourner, il ne montrait pas son côté gauche.
Le 13 janvier, écho de contrôle.
Denis n'a pas pu se libérer. L'examen a été très douloureux. Heureusement qu'il a duré moins longtemps. Le verdict est tombé ce jour là : bébé est mal formé, il n'a pas de main ni de pied gauche et son bras et sa jambe sont atrophiées. Je dois faire une amniocentèse.

A ce moment là, tout s'effondre, le doux rêve s'estompe pour laisser place au cauchemar. Vous ne comprenez pas, vous ne réalisez pas. Son coeur bat, vous l'avez vu bouger, plier ses petites jambes, lever son petit bras... C'est surement réversible, je ne suis même pas à 3 mois de grossesse...
Discussion de sourd avec Denis. On ne se comprenait pas. Aujourd'hui, je sais qu'il souffrait énormément. Mais son comportement me laissait penser le contraire. Il était froid, distant, et catégorique : il faut arrêter la grossesse. Il avait parlé au médecin traitant qui avait eu le gynéco, et qui lui avait dit que c'était irréversible.

Mais moi, moi je ne l'avais pas entendu ça. Et puis, comment savoir, nous ne sommes pas médecin, des solutions existent peut être....
Tant de douleur, d'incompréhension entre nous. Et impossible de parler de l'après. Car aussi bizarre que ça puisse paraitre, je me suis mis à penser à l'après, peut être pour me protéger, me détacher de mon bébé.
J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Je n'avais plus goût à rien. J'étais douleurs, souffrance, colère ... tout ça et rien en même temps. Même si je refusait de l'admettre, il y avait peu de chance que j'aille jusqu'à la fin de cette grossesse. J'ai rejeté mon homme car sa distance et son manque de communication m'a braqué.

Le 19 janvier, Amniocentèse et entretien avec le médecin :
C'est irréversible, les membres ne se développeront plus. La décision est logique à ce moment là, même si elle n'est pas acceptable. Le médecin est d'accord avec nous, même s'il n'a pas d'avis à donner. Ce jour là, Denis était avec moi, car il n'avait pas le choix.
A ce moment là, je comprend que je dois profiter des derniers jours avec mon bébé. Que je ne dois pas faire comme s'il n'avait jamais existé. Je veux que ces derniers jours dans mon ventre lui soit agréable avant de rejoindre les anges, pour qu'il sente qu'il a été désiré et aimé à la folie.
Le 30 janvier, visite pré-op avec la sage femme :
Je crois que j'ai commencé à réaliser ce jour là. L'amniocentèse était normale. Il y a beaucoup de papiers à signer, de décision à prendre. J'étais encore seule, seule à décidé si bébé doit être enterré ou incinéré, si je veux le déclarer ou pas, si je veux une autopsie ou pas.... C'est ce jour là que j'ai su que j'allais accouché, comme si j'étais à terme. Accouché et donné la mort à mon bébé.
Le 2 février 2015 à 12h58, Ange est née.


1h de travail après la première perte de liquide.
J'ai attendu ce jour pour savoir que j'attendais une petite fille.
Pourquoi Ange ? Ce n'est pas très original comme prénom mais je voulais un beau prénom mixte. Et sa vie était finie au moment où je l'ai mise au monde. Elle est née Ange.
Je l'ai prise dans les bras, je l'ai embrassé. Elle était toute petite. Je lui ai dit combien je l'aimais, combien elle me manquait. Je lui ai dit au revoir et je l'ai confié à ma maman, partie 7 mois auparavant.
Je n'ai quasiment pas vu Denis ce jour là. Il a refusé de voir son bébé et de savoir le sexe. Je ne lui en veut absolument pas car il gère différemment. J'ai compris avec les jours qui ont suivi, qu'il avait été plus touché qu'il n'a souhaité le montrer. ça l'a détruit, bien plus qu'il le montre.
Les jours qui ont suivis ont été durs, comme je m'y attendais. Je commence tous juste à voir le jour, à m'accrocher à des objectifs.
Mon homme est resté chez sa maman depuis mi janvier. Cette épreuve a cassé quelque chose entre nous que nous essayons de recoller malgré tout.
Je sais que ce sont des choses qui arrivent, que parfois il n'y a pas de raison. Je sais que je suis jeune, que je peux recommencer. Je sais que j'ai eu de la "chance" de le voir si vite, que j'aurai pu être confronté à d'autres soucis plus tard dans ma grossesse ou après la naissance. Je sais tout ça. Mais le fait est que ma fille a rejoins les anges ce jour là, emportant avec elle une partie de mon cœur et jamais je ne pourrais oublié les 3 mois que j'ai passé avec elle.
Désolé pour le roman. C'est notre expérience, en tant que par'ange, expérience qui, comme pour nous tous, on aurait préféré éviter.
Je vous remercie pour ce forum. Cet épreuve se traverse seule mais être compris par d'autre, pouvoir parler sans être jugé, ça fait du bien.
AngelIC- Messages : 3
Date d'inscription : 17/03/2015

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